GUPS : Le droit au retour est le cœur de notre lutte

« Le droit au retour est le coeur de notre lutte »

Entretien avec un camarade de la GUPS (Union Générale des Etudiants de Palestine en France)

▪️Ton avis sur les manifestations récentes en Palestine ?

Remettre au premier plan la question du droit au retour avancée par les manifestants est d’une importance majeure.

Cependant, le règlement de la question palestinienne est confronté à une vraie menace existentielle de liquidation par la politique de Trump et par la politique de la coalition gouvernementale d’extrême droite de Netanyahou, avec la complicité de certains régimes arabes réactionnaires. Le peuple palestinien est depuis des années l’otage de la politique d’apartheid israélienne, combinée avec l’incapacité et la corruption de l’Autorité palestinienne qui poursuit toujours sa politique de collaboration sécuritaire avec l’occupant israélien. Tandis que le Hamas a réussi à profiter d’une telle situation en s’imposant comme alternative et en gagnant les élections législatives ; comme ce fut le cas pour l’islam politique dans la région, les illusions ont vite disparu avec les affrontements meurtriers entre l’Autorité palestinienne et le Hamas dans la bande de Gaza en 2006-2007. Ensuite, tous les accords d’unité nationale entre les deux partis prouvent qu’ils n’ont ni l’intention ni la volonté d’incarner le changement auquel les Palestiniens aspirent.

Les récentes manifestations nous rappellent alors les origines de la question palestinienne, ce qui fonde l’unité du peuple palestinien à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, mais aussi dans les villes occupées en 1948 et dans la diaspora palestinienne. Même soixante-dix ans après la Nakba, le droit au retour des réfugiés palestiniens est le cœur de notre lutte et la base de notre unité. C’est sur cette base que la jeunesse palestinienne s’est mobilisée depuis le 30 mars à Gaza. Une décennie après la division Autorité palestinienne/Hamas, il y a une conscience nette de la gravité de la situation et une volonté populaire de s’engager pour redonner sens à la question palestinienne. C’est ce que traduit la récente mobilisation.

▪️Ton point de vue sur la représentation politique actuelle du peuple palestinien ?

Il y a un problème de légitimité de la représentation politique actuelle en Palestine. C’est le résultat du vide politique et institutionnel qui résulte du retrait forcé de l’OLP (Organisation de la libération de la Palestine) au profit de l’Autorité palestinienne.

Ajoutons le manque d’élections démocratiques, la corruption des structures censées représenter les Palestiniens, et aussi l’immobilisme de la direction palestinienne.

Les mobilisations à Haïfa en solidarité avec Gaza, mais aussi celles de Ramallah en Cisjordanie, depuis juin, pour réclamer la levée des sanctions imposées par l’Autorité palestinienne contre la bande de Gaza depuis plus d’un an, s’inscrivent dans une série d’activités par lesquelles la jeunesse palestinienne essaie de faire entendre sa voix, étouffée à la fois par l’apartheid israélien, par les policiers de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et par le Hamas à Gaza.

Il y a une génération qui confirme son droit à la résistance, la volonté de se libérer, de sortir de l’impasse et de l’échec des factions palestiniennes. La jeunesse palestinienne n’a pas le moindre doute quant au fait que la représentation politique actuelle en Palestine est définitivement caduque.